Suite à mon précédent billet de blog sur Barbara Stieger, Le Covid met en crise le système social, voici un complément détaillé sur l'engagement de cette philosophe.
Son document "De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation" est, comme indiqué par une lectrice de ce billet de blog, d'utilité publique. Cet écrit d'une cinquantaine de pages est essentiel pour comprendre ce qui nous arrive et comment le gouvernement nous a manipulé.e.s depuis le début de la crise covid en utilisant à notre insu les techniques du "Nudging".
Ce que nous explique Barbara Stiegler permet de contextualiser à la France ce qui a déjà été expliqué plus globalement par la journaliste canadienne Naomi Klein et par le français Benoît Piedallu de la Quadrature du Net sur la Stratégie du Choc (cf références en bas de page)
Barbara Stiegler est une philosophe française, professeure à l'université Bordeaux-Montaigne ; elle travaille en collaboration avec les milieux de la santé. Elle est membre de l’Institut universitaire de France. Elle s’intéresse tout d'abord à Nietzsche, dans ses rapports à la biologie et au corps. Théoricienne du néolibéralisme, elle met ensuite en évidence les sources évolutionnistes du néolibéralisme pour lequel l’espèce humaine devrait apprendre à vivre dans un nouvel environnement et s’adapter grâce à des politiques de santé et d’éducation menées par des experts.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbara_Stiegler
Elle a publié le 14 janvier 2021 dans la collection Tracts de Gallimard le livre "De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation"
Description
La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.
Source : https://www.franceculture.fr/oeuvre/de-la-democratie-en-pandemie-sante-recherche-education
Collection Tracts de Galimard
À l’heure du soupçon, il y a deux attitudes possibles. Celle de la désillusion et du renoncement, d’une part, nourrie par le constat que le temps de la réflexion et celui de la décision n’ont plus rien en commun ; celle d’un regain d’attention, d’autre part, dont témoignent le retour des cahiers de doléances et la réactivation d’un débat d’ampleur nationale. Notre liberté de penser, comme au vrai toutes nos libertés, ne peut s’exercer en dehors de notre volonté de comprendre.(...)
Puissions-nous tous ensemble faire revivre cette belle exigence.
Antoine Gallimard
Barbara Stiegler interviewée par Pierre Coutelle
Barbara Stiegler nous présente son ouvrage "De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation" aux éditions Gallimard. Entretien avec Pierre Coutelle.
Ce qui nous arrive n'est pas un complot, mais résulte de l'opportunisme du pouvoir néo-libéral qui profite de la situation pour mettre en place une stratégie autoritaire et liberticide élaborée antérieurement à la crise du covid.
Comment s'engager en pandémie ?
L'émission La Grande Table des Idées de France-Culture recevait Barbara Stiegler le 4 janvier, interviewée par Olivia Gesbert
Résumé de l'interview
Elle a signé la tribune “Pour la réouverture immédiate des universités” parue le 29 novembre 2020 dans Libération. Barbara Stiegler, notre invitée, est spécialiste de Nietzsche, professeure de philosophie politique à l’université de Bordeaux où elle est responsable du Master "Soin, éthique et santé" et Membre de l'Institut universitaire de France.
Après Il faut s’adapter. Sur un nouvel impératif politique (Gallimard, 2019), ouvrage dont elle était venue nous parler en 2019, elle a publié Du cap aux grèves – Récit d’une mobilisation. 17 novembre 2018-17 mars 2020 (verdier, août 2020) qui raconte son engagement sur le front social depuis 2 ans.
"Il faut savoir que que les universités sont ouvertes et que nous avons toute une série de droits : nous avons le droit d'aller à l'université, nous avons le droit de faire de la recherche à l'université, nous avons le droit de faire venir des étudiants par petits groupes (…) et ces droits là, nous ne les connaissons pas, on ne nous le fait pas savoir."
Barbara Stiegler
Aujourd'hui, elle dénonce la place que le numérique prend à l'université et son acceptation sans réflexion ni esprit critique. Elle prône l'invention d'autres méthodes d'enseignement pour préserver la relation du professeurs aux élèves. Quitte à refuser d'obéir aux plans de continuité pédagogique qui, tous les jours, disent aux enseignants ce qu'ils doivent faire.
Je refuse de croire que je pourrais donner des cours en parlant à mon ordinateur. Car donner un cours, c'est une relation. (…) Les élèves modifient considérablement l'enseignant.
Barbara Stiegler
Ce virage numérique n'est pas du tout une improvisation du 17 mars, c'est un projet politique. Barbara Stiegler
Dans De la démocratie en Pandémie ; Santé, recherche, éducation, qui paraît ce 14 janvier, elle reprend le propos de Richard Horton, rédacteur en chef de The lancet, pour qui l'épidémie de Covid-19 n'est pas une pandémie mais une « syndémie », une maladie causée par les inégalités sociales et par la crise écologique entendue au sens large, elle montre que toutes les conditions sont réunies pour que le même type d’épidémie se reproduise régulièrement. Si nous ne vivons pas une pandémie, nous vivons “en Pandémie” écrit-elle, dans un nouveau continent mental parti d'Asie pour s'étendre à toute la planète, avec de nouvelles habitudes de vie et une nouvelle culture.
En parlant de "pandémie", on a sidéré les esprits, on est passés dan un régime d'exception et on a accepté des choses inacceptables.
Barbara Stiegler
Alors que la plupart des gouvernements ont commencé par s’enferrer dans le déni, elle note un revirement brutal dans leurs réactions à la crise, expliqué par la peur. Il fallait ainsi frapper fort par un confinement total et pour éviter la flambée populaire, utiliser le moment actuel pour faire passer en force toute une série de lois liberticides. Barbara Stiegler dénonce ainsi une “Manufacture du consentement” une expression qu'elle emprunte à Walter Lippmann.
Surtout, elle souligne la nécessité urgente de mobilisation contre une vision idéaliste de l’après. Alors que l'université est elle-même menacée par une numérisation à tout va et après s'être engagée auprès des Gilets jaunes puis des grévistes contre la réforme des retraites, Barbara Stiegler se porte aujourd'hui contre les visions prophétiques d’un "monde d’après" qui serait plus juste et plus égalitaire. Elle souligne qu’on devrait plutôt s’attendre à un durcissement des pouvoirs dominants. La rupture avec l’ancien monde ne pourrait se conquérir qu’au prix de mobilisations sociales et politiques de très grande ampleur.
Grand Entretien de Barbara Stiegler sur Marianne
Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire et publiés le 24 février 2021
Barbara Stiegler : "Plus que le complotisme supposé des citoyens, c’est la défiance des élites que cette crise met à nu"
Barbara Stiegler : "Cette crise oblige le néolibéralisme à se dédire de manière spectaculaire"
https://www.marianne.net/economie/barbara-stiegler-cette-crise-oblige-le-neoliberalisme-se-dedire-de-maniere-spectaculaire
Intéressant dialogue entre François Ruffin et Barbara Stiegler :
Covid, Macron et allergie à la démocratie